Thème : Transition
1ère publication: 03.01.2021 Dernière mise à jour: 18.03.2023 Le trafic aérien, un gouffre énergétique
Quelle quantité d'énergie est consumée par le secteur aérien ?
L'aviation commerciale mondiale proche du milliard de tonnes de CO2 par an
Bien que toujours utilisée par une faible part de la population mondiale, l'aviation commerciale approche le milliard de tonnes de CO2 émis par an, à plus de 80% pour transporter des personnes.
En France, le secteur de l'aviation consomme 90 TéraWattHeures par an, ce qui équivaut à l'énergie d'un quart de la production nucléaire du pays
Le secteur aérien consomme en France chaque année 7.1 millions de tonnes de kérosène. Les consommateurs sont les compagnies aériennes françaises et étrangères, usagers des différents aéroports nationaux.
Ces 7.1 millions de tonnes de kérosène sont équivalentes à 90 TéraWattHeures (TWh) d'énergie - soit 90.000 milliards de WattHeures
Pour comparer, le parc nucléaire français produit chaque année 380 TéraWattHeures d'énergie électrique.
Le secteur aérien a comme principaux usages : les déplacements de loisir et de tourisme, les voyages professionnels, et pour une faible part le transport de marchandises.
L'énergie, très majoritairement fossile, actuellement consacrée à ces transports aériens équivaut ainsi à un quart de la consommation d'énergie électrique d'origine nucléaire de toutes les activités du pays.
Une seule piste d'aéroport international nécessite autant d'énergie que la quantité produite par un cœur nucléaire
Exemple : l'aéroport international de Genève, de relativement petite taille, et son unique piste.
Voici les chiffres officiels de consommation de kérosène par an, pour l'approvisionnement des avions utilisant la piste genevoise :
Les statistiques indiquent que la majorité du trafic de l'aéroport de Genève est consacrée au tourisme et loisir : on y trouve une grande proportion de voyages "courts" de type "week-end Easyjet".
Notons que la consommation de l'aéroport a doublé en 20 ans (entre 2000 et 2019). Elle a atteint en 2019 environ 504 millions de litres de kérosène.
Ce chiffre recouvre uniquement la consommation de kérosène, les autres consommations d'énergie liées au fonctionnement de l'aéroport ne sont pas considérées.
1 litre de kérosène équivaut approximativement à 10 kWh d'énergie,
on obtient ainsi une consommation annuelle énergétique, pour une seule piste, de 5 milliards de kWh, soit 5 TeraWattHeures, c'est équivalent à la production annuelle d'un cœur nucléaire.

Source :
Préparer l'avenir de l'aviation : les propositions du Shift Project
D'autres exemples d'aéroports internationaux : Munich, Vienne, Bucarest
Consommation annuelle en kérosène de ces 3 aéroports en 2017 et la quantité d'énergie que cela représente :
- Munich (2 pistes) : 1.600.000 tonnes, soit 20,4 TéraWattHeures, équivalent à la production annuelle de 3 réacteurs nucléaires
- Vienne (2 pistes) : 700.000 tonnes, soit 8.9 TWh, équivalent à la production annuelle de 1,3 réacteur nucléaire
- Bucarest : 300.000 tonnes, soit 3.8 TWh soit plus de 50% de la production annuelle d'un réacteur nucléaire
Source des chiffres de consommation :
L'aviation légère - Des chiffres de consommation aussi très élevés
L'aviation légère présente des chiffres de consommation de carburant fossile et d'émission CO2 par personne qui n'ont rien de léger, très dépendants du taux de remplissage des avions. En tant que loisir, il s'agit d'une des activités les plus émettrice en carbone.
Quelques comparaisons sur les émissions des smartphones, TV, automobiles, avions :
Vols long-courriers vs court-courriers
D'après Eurocontrol, les vols long-courriers de plus de 4000 kilomètres ne représentent que 6,2% des vols, mais sont responsables de 51,9% des émissions CO2 de l'aviation
[1].
Quelques unités et conversions :
- 1 tonne de kérosène = 46 gigaJoules ou 12742 kWh
- 1 kWh = 3.6 millions de joules
- 1 gigaJoule = 277,7777 kWh
Energie produite annuellement par un réacteur nucléaire en France en moyenne : 6.7 TWh
L'aviation, le mode de transport le plus polluant par passager et par kilomètre
En particulier pour les vols cours : le décollage implique une consommation de carburant très importante, indépendamment de la durée du trajet.
"Dans notre vie quotidienne, prendre l'avion est l'une des activités les plus intensives en carbone que nous puissions faire."
En raisonnant par euro dépensé ou par heure d'utilisation, le voyage en avion reste une des activités les plus émettrices de CO2 et nocives pour le climat.
Pour aller plus loin :
►
"Crise(s), climat : préparer l’avenir de l’aviation" : les propositions du Shift (rapport 2020 - Shift Project)
Convertisseur de quantités de carburants divers (AVGAS, kérosène, diesel, essence...) en émissions CO2 (tonne) :
►
tCO2 in Gaseous Volume and Quantity of Fuel Type (International Carbon Bank & Exchange)
►
Efficacité énergétique dans les transports (wikipédia)
►
Useful Conversion Factors and Fuel Energy Density
►
Aviation and global climate change in the 21st century (pdf) - 2009
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