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      Thème : Constat
      1ère publication: 24.01.2021       Dernière mise à jour: 14.03.2021

Sous-estimer les défis permettant d'éviter un avenir terrible

Nouvel avertissement de 17 scientifiques de renom sur l'état du monde

Cette publication collective de janvier 2021 s'appuie sur 150 études exposant les principaux défis environnementaux auxquels le monde fait face. Son titre peut se traduire par :
"Sous-estimer les défis permettant d'éviter un avenir terrible"


Publication originale :
Underestimating the Challenges of Avoiding a Ghastly Future (Frontiers in Conservation Science - 13 janvier 2021)


Traduction française de l'introduction de la publication :



Introduction

L'humanité est à l'origine d'une perte rapide de biodiversité et, avec elle, de la capacité de la Terre à supporter une vie complexe. Mais le courant dominant a du mal à saisir l'ampleur de cette perte, malgré l'érosion constante du tissu de la civilisation humaine (Ceballos et al., 2015; IPBES, 2019; Convention sur la diversité biologique, 2020; WWF, 2020). Si les solutions proposées abondent (Díaz et al., 2019), l'échelle actuelle de leur mise en œuvre ne correspond pas à la progression incessante de la perte de biodiversité (Cumming et al., 2006) et des autres menaces existentielles liées à l'expansion continue de l'entreprise humaine ( Rees, 2020). Les délais entre la détérioration écologique et les pénalités socio-économiques, comme pour les perturbations climatiques par exemple (GIEC, 2014), empêchent de reconnaître l'ampleur du défi et de réagir en temps opportun. De plus, la spécialisation disciplinaire et l'insularité encouragent la méconnaissance des systèmes adaptatifs complexes (Levin, 1999) dans lesquels les problèmes et leurs solutions potentielles sont enchâssés (Selby, 2006; Brand et Karvonen, 2007). L'ignorance généralisée du comportement humain (Van Bavel et al., 2020) et la nature progressive des processus sociopolitiques qui planifient et mettent en œuvre des solutions retardent davantage l'action efficace (Shanley et López, 2009; King, 2016).

Nous résumons ici l'état du monde naturel sous une forme austère pour aider à clarifier la gravité de la situation difficile humaine. Nous décrivons également les tendances futures probables du déclin de la biodiversité (Díaz et al., 2019), des perturbations climatiques (Ripple et al., 2020), de la consommation humaine et de la croissance démographique pour démontrer la quasi-certitude que ces problèmes s'aggraveront au cours des prochaines décennies avec des impacts négatifs pour les siècles à venir. Enfin, nous discutons de l'inefficacité des actions actuelles et prévues qui tentent de lutter contre l'érosion inquiétante du système de survie de la Terre. Le nôtre n'est pas un appel à la capitulation - nous visons à fournir aux dirigeants une «douche froide» réaliste de l'état de la planète, qui est essentielle pour planifier pour éviter un avenir horrible.


Traduction française des conclusions de cette publication :



Conclusions

Nous avons résumé les prédictions d'un avenir effroyable d'extinction de masse, de déclin de la santé et de bouleversements climatiques (y compris les migrations massives imminentes) et de conflits de ressources au cours de ce siècle. Pourtant, notre objectif n'est pas de présenter une perspective fataliste, car il existe de nombreux exemples d'interventions réussies pour prévenir les extinctions, restaurer les écosystèmes et encourager une activité économique plus durable aux échelles locale et régionale. Au contraire, nous soutenons que seule une appréciation réaliste des défis colossaux auxquels la communauté internationale est confrontée pourrait lui permettre de tracer un avenir moins ravagé. Bien que des appels plus récents aient été lancés à la communauté scientifique en particulier pour qu'elle exprime davantage ses avertissements à l'humanité (Ripple et al., 2017; Cavicchioli et al., 2019; Gardner et Wordley, 2019), ceux-ci ne semblent pas suffisamment correspondre à l’ampleur de la crise. Compte tenu de l'existence d'un «biais d'optimisme» humain qui incite certains à sous-estimer la gravité d'une crise et à ignorer les avertissements d'experts, une bonne stratégie de communication doit idéalement saper ce biais sans induire des sentiments disproportionnés de peur et de désespoir (Pyke, 2017; Van Bavel et al., 2020). Il incombe donc aux experts de toute discipline qui traite de l’avenir de la biosphère et du bien-être humain d’éviter les réticences, d’éviter d’enrober les énormes défis à venir et de «dire les choses comme elles sont». Toute autre chose est au mieux trompeuse, ou négligente et potentiellement mortelle pour l'entreprise humaine au pire.



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